Dans l’oeil de… Alain Dumas, qui a vécu la mise en quarantaine.

Le 7 avril 2020

Au moment où je suis parti pour les Alpes suisses, rien ne laissait présager la crise telle qu’on la connaît aujourd’hui.

C’est dans mon vol de retour que j’ai compris l’ampleur de ce que nous nous apprêtions à vivre collectivement… et que j’ai pris toute la mesure de ce que vivent les enfants malades et leur famille.

Avec la COVID-19, les choses se sont bousculées rapidement. Un peu, j’imagine, comme lorsqu’on apprend que notre enfant est gravement malade. Soudainement, notre quotidien est à mille lieues de celui des gens qui nous entourent, on se sent en marge, une distance se crée, toute chose revêt un autre sens.

En amorçant ma quarantaine en rentrant au pays, un enfant en particulier, Abaas, m’est revenu en mémoire. Avant de perdre son combat contre le cancer, ce grand courageux âgé de 11 ans m’avait confié qu’au-delà de la maladie, le plus difficile à accepter pour lui était l’isolement. Un isolement qui avait duré toute l’année scolaire. Au terme de celle-ci, je lui avais demandé s’il la voyait comme une année perdue. « Non, avait-il répondu, car j’ai appris beaucoup de chose. Je sais maintenant comment se sentent les gens qui sont seuls et les gens différents… » Malgré une fragilité émotive flagrante, Abaas n’a pourtant jamais perdu espoir.

Aujourd’hui, je réalise que si je suis depuis 30 ans en contact avec des enfants qui vivent ce genre de situation, alors qu’ils mènent un combat contre la maladie pendant que dehors, la vie continue, il aura fallu que je me retrouve moi-même isolé pour comprendre un peu mieux leur réalité et mesurer la force dont ils font preuve pour traverser des épreuves de taille adulte.

Moi, j’ai la chance de pouvoir vivre mon isolement en profitant de la beauté du lac devant chez moi et d’apprécier cette vie au ralenti en sachant que tôt ou tard, je pourrai reprendre mes activités. Nos enfants malades entretiennent aussi cet espoir. Car ils savent que des gens comme vous donnent des sous pour leur permettre de bénéficier des meilleurs soins et d’appareils médicaux de pointe conçus pour eux. Pour votre appui à Opération Enfant Soleil, un grand, grand merci!

Alain et Abaas, 2001

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